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Dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Environnement, le 5 juin dernier, CESI est allée à la rencontre de Rémy, Maxime, Zakaria, Thibaut, Julien, Thomas et Lucas, étudiants en 5e année de cycle ingénieur généraliste sur le campus d’Angoulême, et fondateurs d’HELIAPI, une ruche thermo régulée.

Un projet étudiant né d’une problématique environnementale (et familiale)

C’est en mai 2022 que l’aventure HELIAPI commence, dans le cadre d’un projet Innovation au sein de CESI. Les sept étudiants recherchent alors une idée innovante sur laquelle travailler, et très naturellement, une problématique touchant le beau-père d’un membre de l’équipe va attirer leur attention : « Le beau-père de Rémy, apiculteur amateur, nous a fait part des soucis qu’il rencontrait avec ses abeilles. Le premier problème était les frelons asiatiques qui impactent principalement les apiculteurs amateurs. Le second problème, quant à lui, touchait toutes les catégories d’apiculteurs : la prolifération du varroa, un acarien tueur d’abeilles ! », indique Maxime.

Les étudiants se tournent alors vers la seconde problématique, et élaborent un premier prototype grâce à des dons d’objets et de matériaux, qu’ils ne tardent pas à tester avec un essaim du beau-père de Rémy durant une saison entière. Avec la volonté de concevoir un dispositif abouti, ces derniers ont su utiliser toutes les ressources mises à leur disposition: « Nous avons dès le début contacté des apiculteurs pour obtenir des ruches afin d’effectuer des tests, puis nous avons récolté un panneau solaire, une batterie, etc. CESI a également contribué à l’avancement du projet car nous avions accès au Fab’Lab », ajoute Maxime.

Forts de ce premier accomplissement, les sept étudiants auraient pu s’arrêter là, mais l’envie de voir jusqu’où HELIAPI pourrait aller a pris le pas sur le reste : « Le premier projet n’a duré que deux semaines, mais après avoir vu tout ce que nous avions accompli en si peu de temps, nous voulions vraiment poursuivre et approfondir le projet vers une version commercialisable », souligne Thomas.

HELIAPI, qu’est-ce que c’est ?

HELIAPI, c’est sept étudiants en école d’ingénieurs qui ont décidé de plancher sur une question majeure : comment agir pour protéger les abeilles ?

Les abeilles, clés de voûte reconnues de notre biodiversité, sont depuis plusieurs années menacées par divers facteurs, à la fois chimiques mais aussi, climatiques et parasitaires : « On entend beaucoup parler de l’extinction des abeilles et de leur importance dans notre écosystème mais personne ne peut réellement expliquer comment les sauver. C’est pourquoi, nous avons décidé d’avancer sur la question, en commençant par le traitement du varroa, un acarien dangereux pour les abeilles. L’idée finale étant de décliner des solutions durables pour un maximum de problématiques mortelles pour les abeilles », nous explique Rémy, manager de l’équipe.

Actuellement à l’état de start-up, HELIAPI, mélange entre « Hélios », dieu grec du Soleil et « Apis », qui signifie « abeille » en latin, a pour vocation de débarrasser les ruches du varroa.

Après avoir bien étudié le varroa, les étudiants se sont rendu compte que ce dernier résistait très mal à la chaleur : « Le varroa ne supportant pas une chaleur supérieure à 40 degrés, nous avons envisagé plusieurs solutions techniques afin d’instaurer un système de chauffe régulé dans la ruche. Dans un premier temps, nous avions pensé à un radiateur classique mais après plusieurs tests, nous n’étions pas convaincus du résultat. Nous avons donc élaboré un système de plaque chauffante comme un sol chauffant dans une maison, régulée avec deux sondes de température », raconte Julien.

L’objectif de ce système : contrôler la température de la ruche pour la maintenir à 40 degrés pendant deux heures !

Les sept étudiants ont déterminé ce niveau de température afin de ne pas impacter le reste de la ruche : « Une ruche est en moyenne à 35 degrés et les abeilles résistent jusqu’à 48 degrés, la cire d’abeilles, quant à elle peut supporter 42 degrés maximum.  Il était donc primordial de trouver la température idéale pour conserver l’écosystème de la ruche, tout en détruisant le varroa », ajoute Maxime.

La thermorégulation de la plaque chauffante fonctionne grâce à un système ON/OFF avec un intervalle de temps pour prendre la mesure de la température. Si la température est inférieure à 40 degrés, le chauffage est activé à l’aide d’un boitier étanche qui lancera une chauffe pendant deux heures de façon automatique.

Préservation de l’environnement : des engagements personnels pour l’équipe d’HELIAPI

Depuis le début, l’éthique environnementale fait partie intégrante du projet de nos sept étudiants : « Après avoir trouvé la solution, il a fallu l’appliquer de façon technique, et cela n’a pas été l’étape la plus simple ! D’autant plus que nous souhaitions vraiment incorporer une dimension écologique dans l’élaboration. Nous sommes donc partis sur une ruche autonome avec des panneaux solaires », explique Rémy.

Tous s’accordent pour dire que la dimension écologique est essentielle pour eux : « Nous avons des engagements environnementaux mais aussi concernant le bien-être des animaux et des insectes. Nous tenons vraiment à apporter un certain équilibre aux abeilles tout en veillant à ne pas les dérégler dans leur écosystème », indique Julien.

Thibaut quant à lui, évoque un engagement également présent dans le monde professionnel dans lequel il évolue : « Étant en alternance chez Suez avec Thomas, nous avons déjà un pied dans la question environnementale ! Avant même d’intégrer cette alternance, j’ai toujours été sensible à la préservation de l’environnement, et HELIAPI nous permet de contribuer à notre manière ».

De son côté, Maxime n’aurait pas pu imaginer un projet sans une perspective écologique :

Je ne me serais pas vu faire un projet entrepreneurial s’il n’était pas ancré dans le développement durable ! Nous avons d’ailleurs fait un stage dans le bien-être animal à la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris, dans le cadre d’une initiation à la Recherche avec CESI 

Maxime

Un engagement également cultivé au sein de leur formation à CESI : « Globalement, nous sommes tous engagés dans le développement durable. Pour tout ingénieur, la part écoresponsable et environnementale tient une place importante. Dans tous nos projets, nous intégrons une dimension écologique. Il était donc logique pour nous d’inscrire notre projet dans cette branche », conclue le manager de l’équipe.

Quel avenir pour HELIAPI ?

Thématique très actuelle, la préservation des abeilles a déjà attisé la curiosité d’autres ingénieurs qui ont également développé des appareils incluant un système de chauffe. Néanmoins, ils sont peu populaires auprès des professionnels : « Les dispositifs existants sont très peu utilisés en raison de la taille surdimensionnée, du coût très élevé et de la logistique accompagnant la mise en place. Ces équipements sont aussi très couteux en énergie et ne sont pas autonomes car il faut déplacer les essaims un à un à chaque utilisation », raconte Thomas.

Rémy, manager de l’équipe, souligne quant à lui, les atouts majeurs d’HELIAPI face à la concurrence : « Le prix et les compétences techniques nécessaires à la mise en place des dispositifs concurrents ont vraiment freiné les apiculteurs à sauter le pas. Nous avons donc mis nos compétences techniques au service de l’élaboration d’un modèle plus petit, plus simple d’utilisation et à un coût bien plus abordable ».

Nos sept étudiants ne s’arrêtent pas là puisqu’ils ambitionnent de commercialiser leur ruche thermo régulée début 2024. Pour cela, ils se sont entourés de professionnels du secteur afin de parfaire leur dispositif : « Il y a un an, nous n’avions que des connaissances sommaires en apiculture, nous avons dû comprendre comment les abeilles fonctionnaient, comment répondre aux thématiques clés, comment pensait un apiculteur, etc. » ajoute Rémy. Maxime complète ses propos : « Actuellement, nous continuons d’expérimenter auprès de professionnels et d’apiculteurs amateurs. Nous sommes aussi en contact avec un rucher-école, membre de l’ADANA (Association de l’Apiculture de la Nouvelle Aquitaine) ».

L’équipe HELIAPI a mis en pratique les compétences acquises durant leur formation à CESI, et notamment le travail en équipe et la méthode Project Based Learning, qui leur ont permis de parvenir à créer un équipement abouti.

Julien achève par une anecdote amusante : « Durant une session d’initiation à l’apiculture chez le beau-père de Rémy, Lucas s’est fait piqué sur la tête et a fui très loin des ruches. En voulant sauver les abeilles, il a été confronté à la réalité du terrain ! ».