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Alors que la France ambitionne de produire 2 millions de véhicules électriques d’ici 2030, la formation des techniciens et ingénieurs de la filière batterie est un enjeu clé, tout comme l’impact environnemental de cette conception.

L’objectif des 2 millions de véhicules électriques

« Nous sommes en train de crédibiliser cet objectif de 2 millions de véhicules électriques produits en France en 2030 ».

En visite au Mondial de l’automobile le 17 octobre 2022, le président de la République Emmanuel Macron affiche clairement les ambitions françaises. Quelques mois plus tard, ce virage vers le tout-élec-trique se matérialise notamment par l’ouverture progressive de 4 gigafactories de batteries lithium-ion dans le Nord Pas de Calais.  La première a été inaugurée le 30 mai 2023 à Billy-Berclau-Douvrin. Cette gigafactory d’Automotive Cells Company (ACC) compte plus de 60 000 m2 d’ateliers.

Construire les compétences de la filière ?

Ce déploiement industriel implique une montée en puissance des moyens pour former les salariés indispensables à la création de ces batteries. Rien que dans cette « vallée de la batterie » du nord de la France, plus de 20 000 emplois devraient être créés d’ici 2030.

« Si on prend l’exemple de ligne de production, il y a des besoins à tous les niveaux », estime M’hammed Sahnoun, directeur de recherche à CESI. « Cela va du top management aux postes stratégiques de recrutement et de planification, mais surtout l’opérationnel, au niveau de la maintenance, du contrôle qualité ». Pour fonctionner, une gigafactory comme celle de Billy-Berclau exige des dizaines de corps de métiers : techniciens de maintenance, contrôleurs qualité, pilotes de flux, responsables de la production ou conducteurs d’installation. Des profils que ACC recrute actuellement par dizaines.

Pour Yohan Dupuis, Directeur de recherche au sein du laboratoire CESI LINEACT et spécialiste en systèmes intelligents pour la mobilité des biens et des personnes, l’un des défis actuels de cette industrie est de trouver des formateurs capables de préparer les futurs employés mais aussi de se conformer à un secteur en perpétuelle évolution.

« Aujourd’hui, la majorité de la demande en matière de batteries reposent sur la technologie lithium-ion. Mais il y a des recherches sur des batteries lithium solide ou sodium-ion pour réduire la dépendance au lithium. Cette émulation oblige les formateurs à suivre les évolutions technologiques, la réglementation mais aussi de gestion du cycle de vie des produits ».

Pour répondre à ces enjeux, CESI est membre de l’École de la Batterie. Porté par l’entreprise grenobloise Verkor, ce réseau composé d’industriels, de centres de recherches, d’écoles et organismes de formation s’inscrit dans le programme France 2030, il ambitionne de soutenir la croissance de la filière française des batteries en formant une main-d’œuvre qualifiée et compétente, du CAP au Doctorat en passant par le bac Pro et le BTS.

Former aux enjeux environnementaux

Parmi les thématiques abordées dans les formations :  l’impact écologique du secteur de la batterie. En mars 2023, l’Union européenne a validé une décision centrale du plan climat des 27 pays membres : en 2035 plus aucun concessionnaire ne vendra de voiture thermique. Une décision qui a engendré une course au lithium de la part des pays européens, désireux d’assurer leur approvisionnement. En France, Imerys exploitera prochainement une mine de lithium dans l’Allier. « Il faut mettre en parallèle ces projets et la préservation de notre planète. Il faut impérativement que ces problématiques soient expliquées aux futurs salariés du monde de la batterie, tout comme aux étudiants ingénieurs », alerte Solveig Fernagu, Directrice de recherche en sciences de l’éducation et de la formation à CESI.  Au-delà des formateurs, le monde de la Recherche joue un rôle important dans cette course à la batterie électrique et écologique. M’hammed Sahnoun travaille par exemple sur la chaîne logistique inversée pour le recyclage des différents composants de la batterie. Il estime que l’objectif premier est de recueillir, suffisamment tôt, des données sur l’utilisation de la batterie pour connaître son cycle de vie et ainsi mieux prévoir son recyclage. Les entreprises qui évoluent pour participer à la transition énergétique en intégrant la technologie batterie Lithium-ion vont donc avoir besoin, dans leur recherche de l’excellence opérationnelle, de compétences nouvelles pour intégrer :

  • de nouveaux risques chimiques et électriques sur leurs chaines de production et plus généralement dans l’ensemble du cycle de vie du produit,
  • le traitement de grandes quantités de données comme celles nécessaires aux tests pour certifier un produit utilisant une batterie par exemple.

Ainsi, le Bachelor Grade de Licence Maintenance et Data proposé par CESI, évoluera d’ici 2026 pour intégrer les risques liés aux technologies de batterie et le traitement des données associées à celles-ci afin d’améliorer la maintenance prédictive. In fine, la récolte importante de données annoncée précédemment nécessite notamment la formation et le recrutement de data-analystes. Seraient-ce les prochaines perles pour l’industrie de la batterie ?