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La formation et l’attractivité, deux défis majeurs pour réussir la réindustrialisation

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Amélioration de l’image de l’industrie grâce à une meilleure mise en avant de ses atouts, territorialisation de la formation : les pistes pour trouver les profils nécessaires à la relance du secteur sont nombreuses.

Réindustrialisation de la France : un défi de compétences à relever

l’immersion académique au cœur de l’industrie 4.0

Rapprocher le monde académique et industriel passe par des dispositifs d’apprentissage immersifs. L’intégration d’outils comme la réalité augmentée et
les simulateurs virtuels au cours de parcours immersifs, offre aux étudiants une approche concrète de l’industrie 4.0.

Les experts en conviennent, de manière unanime. La réindustrialisation tricolore sera couronnée de succès si elle parvient à faire face à plusieurs défis dont la pénurie de compétences. En effet, la politique de formation insuffisante et la faible attractivité des métiers industriels sont des causes de ce déficit. « Un des points bloquants de la réindustrialisation est le manque de ressources humaines, reconnait Gwénael Guillemot, responsable du département pôle industrie et services à CESI. La France forme 45 000 ingénieurs par an. Il en faudrait 20 000 supplémentaires chaque année. Le constat est identique pour les techniciens ». Selon le Ministère de l’industrie, la France a créé 90 000 emplois industriels entre 2017 et 2022.

À ce rythme, compte tenu des pertes de compétences accumulées par des décennies de désindustrialisation, la part de la population active travaillant dans l’industrie passerait d’ici 2070 de 12% à 14%, un ratio éloigné des 16% de la moyenne actuelle de l’Union Européenne. Par ailleurs, le nombre d’emplois industriels vacants a été multiplié par trois entre 2017 et 2022, pour atteindre environ 60 000 (chiffres DARES, 2023), soit un manque à gagner annuel de 4,8 milliards d’euros de valeur ajoutée. Autre souci bien réel : la « bombe démographique », que représente les 800 000 départs à la retraite dans le secteur d’ici 2035. « Cette pénurie de profils représente un frein sérieux pour régime, ce qui est de nature à freiner leur croissance et leur productivité » analyse Gwénael Guillemot.

Métiers industriels : attirer les jeunes talents pour construire demain

Comment en est-on arrivé là ? Premier constat inquiétant : une dégradée de l’industrie depuis plusieurs années, notamment vis-à-vis des jeunes générations qui ont tendance à se détourner des filières scientifiques et techniques. Ce déficit d’attractivité concerne à la fois les métiers de l’industrie, l’impact environnemental du secteur et le manque de diversité, avec un nombre insuffisant de femmes.
« Certains jeunes ont une image négative de l’ industrie car les parents et grands-parents de ces derniers ont parfois travaillé dans des usines ou des installations industrielles dans lesquelles les conditions de travail n’étaient pas optimales, où la pollution régnait. Cela ne correspond plus du tout à la réalité », note Gwénael Guillemot.

Dans ces conditions, comment inverser la tendance et redorer l’image de ce secteur dynamique et plein de promesses ?

Tout d’abord, en mettant en avant les nombreux atouts de l’univers industriel : un environnement dans lequel les technologies de pointe sont omniprésentes, une innovation à haute intensité, une durabilité croissante des modes de production, des salaires de cadres supérieurs à 20% par rapport aux autres domaines d’activité, des investissements massifs dégagés par la puissance publique (ex : France Relance) ces dernières années. Même si ces métiers requièrent des compétences techniques pointues, un nombre croissant de recrutement dans l’industrie valorisent les compétences comportementales (« soft skills »), ce qui pourrait élargir le spectre du vivier des candidats. Sur le plan de la formation, Guillaume Basset et Olivier Lluansi, experts reconnus dans l’univers de l’industrie proposent un certain nombre de solutions : une territorialisation des outils de formation sur chaque zone géographique du pays, définition de l’instauration d’une véritable stratégie de formation aux métiers industriels, une mutualisation à grande échelle des plateaux techniques s’adressant à l’ensemble des parcours de formation afin de privilégier les proximités domicile-formation-emploi.

Autre piste suggérée par ces experts : substituer à une logique par public (apprentis, jeunes, salariés, demandeurs d’emploi ou seniors) qui a structuré historiquement les politiques de formation et d’emploi, une démarche de territoire, ce qui nécessiterait le décloisonnement à l’échelle territoriale des établissements de formation.